Sommes-nous « chiants » si on ne boit pas d’alcool ?
Publié : 2 mai 2024 à 16h56 par Robin Lecomte
Ces derniers jours, de plus en plus de personnalités publiques annoncent avoir arrêté de consommer de l’alcool. Ce qui donne parfois lieu à des réactions surréalistes. Dernier exemple en date, sur France 2, dans l’émission Quelle Époque !
Récemment, l’actrice américaine Anne Hathaway a annoncé dans la presse être sobre depuis 5 ans. En France, c’est l’humoriste français Artus qui a expliqué avoir arrêté de boire de l’alcool depuis 1 an. Et il ne s’attendait surement pas à ce que son annonce prenne autant d’ampleur.
Dans l’émission diffusée le 27 avril dernier, Artus expliquait donc avoir arrêté de boire. Ce à quoi la présentatrice, Léa Salamé, a répondu « Ah, vous êtes devenu chiant. Vous n’êtes plus angoissé mais vous êtes chiant ». La journaliste s’est alors attirée les foudres des internautes, qui pointaient du doigt un message scandaleux, diffusé qui plus est sur une chaîne du service public.
Des chiffres consternants
Selon les derniers rapports de l’État, l’alcool causerait environ 49 000 décès par an en France. Un nombre très élevé qui place la consommation d’alcool à la deuxième place des causes de mortalité évitable après le tabagisme. Et le constat est clair ! Ce sujet concerne tout le monde. Car bien que les hommes et les jeunes soient les plus touchés par la surconsommation, les autres catégories ne sont pas épargnées.
Une situation qui ne va pas en s’arrangeant, puisqu’après des décennies de régression de la quantité consommée par les Français, la courbe se stabilise depuis maintenant plusieurs années. Des chiffres toujours trop hauts quand on sait qu’un Français sur cinq dépasse les niveaux de consommation d'alcool recommandés.
Des répercussions dramatiques
Bien que le fait de boire de l’alcool impacte directement la santé du consommateur, il impacte aussi fortement son entourage. Là encore, les chiffres dressent clairement la situation, l’alcool serait impliqué dans un féminicide sur deux. Un chiffre explicite qui démontre, avec l’appui d’études de Santé Publique France, la dangerosité de la surconsommation d’alcool. Selon ces études, bien que l’alcool ne soit pas la raison principale du geste, il est souvent un facteur de passage à l’acte.
La deuxième conséquence, souvent trop oubliée, de l’alcool est son impact sur les fœtus. Et même si le conseil zéro alcool pendant la grossesse est de plus en plus suivi, les troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF) restent à l’heure actuelle, la première cause de handicap non-génétique en France.
Transformer son mal-être en résurrection
Des conséquences irréversibles qui proviennent souvent d’un cercle vicieux lié à l’alcool. De nombreux troubles et pathologies psychologiques comme l’anxiété, peuvent entraîner une dépendance plus ou moins forte à l’alcool. Cette dépendance crée souvent un cercle vicieux qui pousse les consommateurs à augmenter leurs doses d’alcool pour atténuer leur mal-être. Un problème souligné par Artus ou Anne Hathaway, qui ont avoué souffrir d’anxiété et de calmer leurs maux grâce à l’alcool.
Cette sobriété se développe à travers plusieurs mouvements comme les « NoLo » qui stoppent totalement leur consommation d’alcool, ou bien le concept du « Dry January », plus modéré, qui consiste à être sobre pendant un mois, en janvier.
La plupart des témoignages des personnes ayant arrêté se rejoignent sur un constat, ils ne se sont jamais aussi bien sentis de leur vie. Leur seul désagrément, ceux qui continuent de boire et qui ne peuvent pas s’empêcher de glisser une petite remarque désobligeante sur cette sobriété ; exemple avec Léa Salamé face à Artus et son « vous n’êtes plus angoissé, mais vous êtes devenus chiant », en est révélateur. Du mauvais goût qui vient stigmatiser une catégorie de la population qui pense pourtant à sa santé. Car comme le disait Marguerite Duras, « Vivre avec l'alcool, c'est vivre avec la mort à portée de la main. »