Ado la B.O. : « Suprêmes », ou la plongée dans les premiers classiques de NTM
Publié : 16 novembre 2023 à 7h00 par Virgil Bauchaud
Crédit : © Audrey Estrougo / Sony Pictures France
Chaque semaine dans « Ado la B.O. », retour sur ces films et séries qui mettent le Hip-Hop et le R’n’B à l’honneur. Avec « Suprêmes », la réalisatrice Audrey Estrougo nous replonge dans les débuts de NTM.
Le 18 octobre 1990, le Président de la République François Mitterrand prend la parole après de violents affrontements dans les banlieues près de Lyon et déclare : « que peut espérer un être jeune qui naît dans un quartier sans âme, qui vit dans un immeuble laid, entouré d’une sorte de concours d’autres laideurs, des murs gris sur un paysage gris pour une vie grise ».
Cette déclaration, c’est la scène d’ouverture de Suprêmes, sorti en 2021. Le film d’Audrey Estrougo retrace les tous débuts de NTM à la fin des années 80. C’est d’abord le cas en tant que groupe puis rapidement en tant que duo avec des Joeystarr et Kool Shen érigés en porte-paroles de toute une génération.
Les deux rappeurs sont joués à la perfection par Théo Christine et Sandor Funtek, à la fois d’une justesse folle dans leur jeu mais aussi proches des deux artistes dans la ressemblance physique. Soutenus par Joeystarr et Kool Shen sur une bonne partie du tournage, les acteurs ont quand même travaillé leurs rôles pendant un an et demi. Le temps nécessaire pour retranscrire ce qui est d’abord une histoire d’amitié avant d’être un succès artistique et commercial.
Crédit : © Gianni Giardinelli
Crédit : © Gianni Giardinelli
Un énorme travail de recherches
Suprêmes nous plonge rapidement dans la préparation du tout premier concert de NTM et la méthode d’écriture d’un de leurs premiers titres : C’est clair. Il faut attendre une vingtaine de minutes pour l’entendre, lorsque le groupe monte sur scène. Parce que oui, conformément à la temporalité du scénario, la BO de Suprêmes est alimentée par les premiers titres de NTM, ceux de l’album Authentik. On entend par exemple Le monde de demain, L’argent pourrit les gens, Blanc et noir ou encore Boogie Man.
Cette bande originale est supervisée par Cut Killer. Et tout n’a pas été simple, notamment pour les scènes des concerts. Le DJ a dû recréer certaines versions instrumentales des lives (forcément à l’époque, on stockait moins de digital). D’ailleurs plus généralement, le film a nécessité un gros travail de recherches. La réalisatrice Audrey Estrougo a fouillé des archives personnelles de Joeystarr, elle a interrogé des ingénieurs du son et des régisseurs de concerts qui avaient été en contact avec NTM à l’époque.
Suprêmes, la validation de Joeystarr
(Attention, le paragraphe qui suit contient un spoiler sur la fin du film) Le film s’arrête à 1992, sur une scène où Kool Shen et Joeystarr s’apprêtent à performer au Zénith de Paris pour la première fois. On voit les rappeurs dans les coulisses de la salle en train de se motiver sous les acclamations de leurs fans. Sur le générique de fin résonnent les basses de Seine-Saint-Denis Style. C’est d’ailleurs l’exception, le seul titre sorti en dehors de la chronologie du film.
Globalement salué par les critiques, Suprêmes a devancé de quelques mois seulement la sortie d’un autre projet sur les débuts de NTM : la série Le Monde de Demain. Et au contraire du film pour lequel il s’était montré élogieux, Joeystarr était beaucoup plus critique sur la série qui, selon lui, ne reflète pas totalement ce qu’il a vécu. Film ou série, ces deux créations permettent de réécouter les classiques de NTM et rien que pour ça, c’est un vrai plaisir.